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2 FORUM Semaine du 8 décembre 2014 L’utopie de Boucher En réalité, l’ Histoire de Pierre Boucher «n’en est pas une : il n’y a ni retour sur le passé ni chronique de l’actualité coloniale», écrit Tho- mas Wien dans la postace du li- vre, qu’il consacre surtout aux re- lations ambiguës que le lieutenant- gouverneur de la Nouvelle-France a eues avec les Amérindiens. Selon M. Wien, Pierre Boucher «s’intéresse à ce qu’est le pays et à ce qu’on y trouve, il propose un inven- taire et… un rêve». Ce panorama des ressources et la description des mœurs des «Sauvages» sont mis au service de deux objectis. «D’abord, l’argumentaire poli- tique de l’ouvrage vise à encoura- ger le roi “à persister dans la résolu- tion qu’il a prise de détruire les Iroquois, nos ennemis, et de peu- pler ce pays ici”», cite M. Wien. Le second objecti consiste à in- citer les Français à soutenir la colo- nisation du Canada, «voire à s’y éta- blir eux-mêmes, d’où d’ailleurs le ton de l’ouvrage axé sur la correc- tion de préjugés négatis au sujet de la colonie», ajoute le proesseur. Proposant à ses lecteurs un al- ler simple vers l’intérieur du conti- nent, l’ Histoire de Pierre Boucher constitue ni plus ni moins que la première carte postale du pays! En eet, le brillant avenir colo- nial et les ressources abondantes qu’il décrit orment la pierre angu- laire de ce que Thomas Wien appel- le «l’utopie bouchérienne […], une sorte de corne d’abondance pour les Français, [utopie décrivant] même le roid canadien tant redouté com- me étant gai et les neiges moins im- portunes que ne sont les boues en France». Si la aune et la fore sont au- jourd’hui nettement moins riches qu’à l’époque, l’ouvrage de Pierre Boucher revêt un caractère «pro- phétique» quant à la place réservée désormais aux peuples autoch- tones – lui qui entrevoyait le Nou- veau Monde parait essentielle- ment peuplé de Français. Il aut dire que l’homme aura lui-même grandement contribué à son rêve : mort en 1717 à Boucher- ville à l’âge de 95 ans, il a été le père de 15 enants! Une grande valeur historique Bien que son récit ne soit pas aussi important, sur le plan histo- rique, que ceux de Samuel de Cham- plain ou des Jésuites, Pierre Bou- cher aura infuencé quelques-uns de ses contemporains, dont Jean Talon, ainsi que les historiens du 19 e siècle, qui se serviront de ses ob- servations. À cet égard, la réédition par Almanach inclut un tableau des patrimoines aunique et foral in- ventoriés par Pierre Boucher, qui permet de constater que, d’un point de vue écologique, plusieurs espèces existant au 17 e siècle sont aujourd’hui menacées ou même disparues. «J’ai été rappé par la résonance de ce tableau avec notre époque, où le déerlement de productions culturelles sur notre Grand Nord [émissions, documentaires, créa- tion de parcs nationaux, chaires de recherche, coïncide avec un pro- gramme d’extraction massive de ses ressources] avorisée par le réchau- ement du climat… Comme si la cu- riosité – du moment que l’État s’en mêle – ne pouvait jamais être inno- cente», conclut Christophe Hor- guelin, aussi auteur de La préten- due république : pouvoir et société au Canada (1645-1675) (Éditions du Septentrion, 1997). Martin LaSalle Pierre Boucher, Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle-France, postace de Thomas Wien, Mon- tréal, Éditions Almanach, 2014. La Grèce de Jacques Perreault Le site archéologique d’Argilos livre des secrets vieux de 2700 ans pour visionner les clips » umontreal.ca (rubrique «Forum en clips») » youtube.com/user/forumenclips » nouvelles.umontreal.ca/forum Hebdomadaire d’information de l’Université de Montréal depuis 1966 Publié par le Bureau des communications et des relations publiques 3744, rue Jean-Brillant, bureau 490, Montréal » bcrp.umontreal.ca Directrice des publications : Paule des Rivières Rédacteurs : Martin LaSalle, Dominique Nancy, Mathieu-Robert Sauvé Rédacteur-vidéaste : Bruno Girard Photographe : Amélie Philibert Reviseuse-correctrice : Sophie Cazanave Graphiste : Benoît Gougeon Impression : Transcontinental Les articles, photos et illustrations de Forum peuvent être reproduits avec mention obligatoire de la source (Journal Forum – Université de Montréal) et des auteurs. Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada ISSN 1191-1026 Courriel : forum@umontreal.ca Téléphone : 514 343-6550 Télécopieur : 514 343-5976 Courrier : C.P. 6128, succursale Centre-ville Montréal (Québec) H3C 3J7 Publicité Représentant publicitaire : Accès-Médias Téléphone : 514 524-1182 Annonceur de l’UdeM : Léonora Pillot, poste 8875 pour nous joindre PEFC / 01-31-106 Ce produit imprimé est issu de forêts gérées durablement, de sources recyclées et contrôlées Certifié et recyclé PEFC www.pefc.org Proesseur retraité depuis 2011, John Wright a enseigné pendant 33 ans au Département de psycho- logie de l’Université de Montréal, où il a participé à la création du Centre de recherche interdiscipli- naire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles. Il a exer- cé à l’UdeM un rôle de premier plan dans l’essor de la recherche et l’élaboration des programmes de ormation en psychologie clinique du couple. « Il aut aire comprendre aux invités que le réveillon ne convient pas pour régler des comptes. » Selon lui, Noël, le jour de l’An et la Saint-Valentin sont propices aux ruptures amoureuses. Aucune étude scientique ne le conrme, mais son expérience clinique en té- moigne. «Les nouvelles demandes en thérapie conjugale dans les cli- niques spécialisées atteignent leur plus haut sommet entre décembre et janvier», constate-t-il. Qui a en- vie de consacrer temps et énergie à la amille de son conjoint et de aire semblant que le couple va bien alors que la dynamique est tout autre? Certaines personnes prééreront opter pour la rupture. M. Wright observe le même phéno- mène à la naissance d’un enant. «Au lieu de consolider la relation, la présence d’un bébé peut ampli- er les tensions chez les couples déjà aux prises avec des problèmes conjugaux.» À son avis, l’accumu- lation des confits non réglés risque à la longue de miner les côtés posi- tis d’une relation et de conduire les conjoints à penser à la sépara- tion. Cela vaut également pour les re- lations amiliales. Les repas de a- mille sont souvent le moment où les non-dits et les problèmes étoués pendant de longues années éclatent au grand jour, parois aggravés par les excès d’alcool et la atigue accu- mulée. Résultat? Une soirée qui avait si bien commencé se termine en chicanes et poussent les invités à partir plus tôt que prévu. Pour éviter que le repas de Noël vire au cauchemar, M. Wright re- commande de réduire le stress en partageant les tâches. Prévenir les membres de sa amille que les su- jets tabous ou tendancieux ne de- vraient pas être abordés pendant la soirée est aussi une possibilité. Si, malgré tous vos eorts, il y a des accrochages ou des propos inap- propriés au sein du couple ou en- core avec la sœur et la belle-mère, essayez de rester calme et de prendre du recul. «L’escalade doit être évitée à tout prix, mentionne M. Wright. Cela demande une cer- taine maturité, mais l’idée est de aire comprendre aux invités que le moment ne convient pas pour ré- gler des comptes.» À quoi bon s’énerver alors qu’une nouvelle et belle année va bientôt commencer? Dominique Nancy SUITE DE LA PAGE 1 SUITE DE LA PAGE 1 Lorsqu’on pouvait « courir le cer » à Montréal Noël est-il propice aux confits ? Le professeur Thomas Wien parle de l’«utopie bouchérienne», soit un mon de de rêve pour les Français du Vieux Continent. « Mon père a étudié ici, il m’a parlé de ce drame, je suis un enant de Polytechnique et sachez que nous tenons le fambeau de la mémoire. » – Alexandre Caron citation de la semaine «Mont-Royal, qui est la [plus ré- cente] de nos habitations ran- çai ses […], est située dans une belle grande île nommée l’île du Mont-Royal. Les terres y sont ort bon nes. C’est terre noire ou pierreuse, qui produit du grain en abondance. Tout y vient paraite- ment bien, mais surtout les me- lons et les oignons. La pêche et la chasse y est très bonne […]. C’est un pays plat, une orêt où les arbres sont gros et hauts extraor- dinairement […], un pays tout propre à courir le cer, dont il y a abondance […]» Extrait de Histoire véritable et naturelle de la Nouvelle-France, p. 29-30. Montréal vu par Pierre Boucher Joyeuses fêtes à vous tous et suivez-nous sur nouvelles.umontreal.ca
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